Nouvelle-Zélande : partie voyage

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Comme promis, je vais te décrire notre premier coup de cœur en arrivant sur cette île : Ted, le gars avec qui on a échangé des dizaines d’e-mails avant d’arriver, parce qu’on nous l’a recommandé pour louer une voiture. Bien au-delà de ce service, Ted a fait office de véritable guide touristique lorsqu’il s’agissait de préparer notre périple, nous envoyant les liens des meilleures compagnies pour le ferry, nous rendant attentifs aux routes qui risquent d’être fermées à cause des tremblements de terre, etc. L’homme de la situation, avec visiblement le cœur sur la main. Quelle ne fut pas notre surprise, à l’aéroport, de découvrir un vieux papi de 83 ans, sec comme un haricot, un panneau « Valiton Family » en main, à nous accueillir avec un joli chapeau bob sur la tête, des shorts tirés bien au-dessus du nombril, et surtout, des chaussettes blanches tirées soigneusement jusqu’aux genoux. Un délice !

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Lorsqu’on s’est rendus vers le véhicule (qui doit dater à peu près de la même époque que son propriétaire…), Sophie me glisse à l’oreille : « J’espère qu’il pourra bientôt mourir ! ». A mon regard interrogateur, elle répond : « Ben parce qu’il est vraiment vieux… :-) L’occasion de lui expliquer la différence entre une personne âgée très malade (comme son Papili – pour qui on avait effectivement prié pour qu’il puisse s’en aller), et une personne âgée en pleine forme, comme notre ami Ted.

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Avant de te raconter notre périple du tour de l’île, je dois te faire une confession. Je n’aurais jamais pensé que cela m’arriverait à moi. La voilà : je n’en peux plus de voyager !!! Je sais que personne ne m’a obligée de vivre toute cette aventure, et je suis consciente qu’en lisant ça, tu dois te dire : « non mais je rêve ! elle a la chance de visiter tous ces endroits paradisiaques, et elle se plaint ! » Eh bien, figure-toi que je me sens comme le gars qui fait de l’haltérophilie dans le sketch de Gad Elmaleh. Ce dernier décrit la profonde débilité de certains sports aux Jeux Olympiques, et notamment ce gars qui est parterre, qui essaie de soulever un poids qui fait 4 fois le sien, qui devient rouououge et qui transpire de partout. Et c’est là que j’entends Gad, comme s’il se tenait à côté de mon oreille : « Mais POURQUOI TU FAIS Ça ??? » Oui, j’en peux plus de défaire et refaire les bagages, j’en ai marre de me faire dévorer par des « sandflies » (mouches à sable) et de me gratter les pieds encore dix jours plus tard, et surtout, SURTOUT, lorsque je suis malade, et que mes trois enfants sont malades, j’ai envie d’être chez moi, dans ma maison, avec les médicaments que je connais, et une maman (plus une belle-maman, plus des baby-sitters !) qui peuvent venir donner un coup de main… Voilà, tout est dit ! ça t’est déjà arrivé d’être malade loin de chez toi ? Alors tu dois comprendre. La bonne nouvelle, c’est que la partie « sac au dos » de notre aventure est derrière et que nous avons pu nous poser à Matamata, lieu où on fait notre école et où nous restons pour les 3 mois à venir ! Quel bien ça fait d’avoir rangé ces valises !

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Mais commençons par le début – ça va à nouveau me faire penser aux bons moments de notre voyage. Les paysages en Nouvelle-Zélande sont à couper le souffle, tout simplement !

En descendant vers le Sud, nous nous sommes arrêtés trois jours chez des amis à ma sœur. (L’avantage d’avoir de la famille qui a habité le pays pendant 6 ans !) Nous avons été touchés par le sens de l’accueil de ces gens : hébergeant déjà la grand-maman malade pour quelques semaines, ils ont réussi à faire de la place pour notre famille de 5 personnes, nous offrant littéralement chacune de leurs chambres : les 3 grands garçons ont été dormir chez des copains et dans la caravane du jardin, les parents et la fille de six ans se sont coincés dans une pièce afin de nous laisser le plus d’espace possible. Incroyable ! Ils nous ont concocté des plats néo-zélandais tous les soirs et nous ont emmenés voir tous les coins qui ont compté dans l’histoire familiale de ma sœur (leur maison, l’école des enfants, le chemin pour s’y rendre, etc. Un vrai plus pour nos enfants, de se rendre compte où leurs cousin/cousines ont grandi toutes ces dernières années !) Cette visite chez ces gens m’a ouvert les yeux sur la qualité de vie qui découle d’un cœur ouvert. La grand-maman souriait du matin au soir, nous faisait des compliments sur nos ravissants enfants, et lorsqu’on l’interrogeait sur ses douleurs, elle répondait systématiquement que ça allait, « Praise the Lord ! » (« Dieu soit loué »).

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J’ai appris que cette petite mémé avait eu 11 enfants, dont une petite fille adoptée, et qu’elle en aurait voulu encore plus, si Dieu l’avait voulu ! J'ai adoré quand elle parlait des matinées, aux réveils, quand ses enfants grimpaient dans son lit les uns après les autres : je te jure qu'elle avait des étoiles dans les yeux ! « There wasn’t a lot of space, but we had fun! » (« Il n’y avait pas beaucoup de place, mais qu’est-ce qu’on s’amusait ! ») C’est aussi elle qui nous a emmenés manger les meilleures glaces de la ville, en insistant qu’elle voulait payer. Bref, un amour… Mis à part ces souvenirs précieux gravés en nous, je pense que nous emmènerons une autre chose de ces gens. Jeanne et Sophie ont eu la chance d’aller récolter tous les jours les œufs dans le poulailler, et depuis, elles nous harcèlent pour qu’on achète des poules, en Suisse. Et plus je joue avec l’idée, plus ça me plait ! Pas juste pour avoir des œufs frais tous les jours, mais aussi symboliquement, pour me rapprocher d’un style de vie un peu plus rustique, un peu plus terre à terre. A voir !

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Tu te rappelles du petit balcon à Kaikoura où j’écrivais le dernier article face à l’océan ? Eh bien, ce jour-là, nous avons fait la rencontre avec des animaux absolument ravissants, ceux que je raffole regarder au zoo de Berne : des phoques ! En pleine nature, à 10 minutes de l’endroit où on a parqué la voiture, à se prélasser sur des rochers et à faire des cabrioles dans l’eau. Magique !

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On serait volontiers allé voir des kiwis (l’oiseau, cette fois) à Queenstown, mais quand on a entendu que cela coûtait 45 dollars par adulte, on a gentiment décliné l’offre et refait demi-tour (à la grande déception des enfants).

Des wallabys, des lapins sauvages et des possums, nous en avons vus en quantité (les derniers souvent écrasés au bord de la route, hélas… Bon, il faut dire qu’ils n’ont pas l’air très fute-fute : lorsqu’on en voyait un au milieu de la route, c’est à peine s’ils tournaient un peu la tête dans notre direction, l’air de dire : « Tiens, j’ai entendu quelque chose… » Pas étonnant qu’ils finissent souvent sous les roues.)

En parlant d’animaux, le sommet de notre périple était une visite complètement imprévue d’un banc de dauphins, tout au sud, à Milford Sound. Il faut t’imaginer un paysage brumeux, un bateau style « grand catamaran », des fijords, des montagnes qui tombent à pic dans l’eau de tous les côtés, des chutes d’eau vertigineuses, une eau sombre et une atmosphère un peu mystique. Et là, tout à coup, des cris hystériques de certains passagers : « Dolphins, dolphins !!! ». J’ai chopé Marcel sous le bras, tiré Jeanne par la main, laissé Sophie à Jérémie et tous ensemble on a couru vers l’arrière du bateau. Dès que nos yeux s’étaient un peu habitués à rechercher les remous sous l’eau, on les a vus ! Des dizaines de dauphins, des vrais, des gros (ils me paraissaient immenses !) qui sautaient hors de l’eau et s’amusaient avec les vagues du bateau. Un moment de pure beauté ! (Je n’ai fait aucune photo de ces moments : je profitais simplement du cadeau. Les seuls souvenirs visuels que nous en gardons sont les jolis dessins que Jeanne en a fait par la suite.)

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Le reste, eh bien il se résume à de la fatigue stockée durant des semaines et qui a fini par faire surface : 3 enfants qui tombent malades les uns après les autres, moi qui chope le même virus, et nous voilà en plein été avec une vraie grosse grippe. Avec la composante non-négligeable du voyage en plus : en 5 jours, nous devions remonter toute l’île du Sud pour ne pas rater le bateau. Ceci nous a valu des réveils à 3 heures du matin, afin de faire le maximum de kilomètres pendant les heures de sommeil des enfants. « Praise the Lord », comme dirait notre amie grand-maman, Jérémie a tenu le coup ! Je n’ose pas imaginer le scénario s’il avait également succombé aux microbes ! Ce sale virus m’a valu quelques moments embarrassants – notamment à l’ambassade de Suisse à Wellington, où j’ai dû aller renouveler mon passeport. Mal comme un chien, j’ai tout juste réussi à faire la photo et donner mes empreintes digitales, suite à quoi j’ai été m’allonger dans le couloir. (Sympa, le souvenir d’une photo pitoyable pour les 10 ans à venir dans le passeport !) Sur le ferry également, j’ai vu de près le sol du restaurant, où j’ai dû me coucher sous la table.

Ma vue sur le bateau du retour... ;-)

Ma vue sur le bateau du retour... ;-)

Le pire, je crois, c’était de ne plus savoir comment rouler, dans cette voiture à 35 degrés : si on mettait la clim’, les éternuements se succédaient à l’infini, et si on ouvrait les fenêtres, c’était les quintes de toux qui se déchaînaient. Inutile de te préciser le soulagement lorsqu’on a atteint notre but final qui était l’école, ici, à Matamata. Enfin un endroit qu’on ne devait plus quitter le lendemain, et où l’on a pu trouver du repos pour nos corps éreintés !

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Pour te donner un petit aperçu en chiffres : en 40 jours à peine, nous avons dormi dans 24 lieux différents et durant les 3 premières semaines en Nouvelle-Zélande, nous avons avalé 4000 km de bitume. Tout ceci avec des petits enfants incroyablement courageux, à qui on n’a rien demandé, mais qui ont fait preuve d’une patience et d’une bonne volonté que je ne leur connaissais pas auparavant ! (Il faut dire que j’ai développé des dons d’animatrice en voiture que je ne me connaissais pas non-plus avant ! Toutes les chansons de tout mon répertoire, depuis ma tendre enfance jusqu’à maintenant, y ont passé – et j’ai inventé des histoires comme je n’en ai jamais inventées ! Je pourrais aisément publier des livres pour enfants à notre retour !)

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Et pour finir cet article sur un dernier aveu, je dois t’avouer que j’ai de la peine avec cette lubie des néo-zélandais de foutre de la moquette partout ! (Même à la salle de bain et sous la table à manger ! Ils n’ont peut-être pas les mêmes enfants que nous, de l’autre côté de la Terre ? Je te laisse imaginer l’odeur dans notre petit bungalow, avec Marcel qui renverse régulièrement son bol de lait, le matin…)

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Autrement, je compte bien emporter avec moi la mentalité de ce pays, quand je rentrerai en Suisse ! Un joli résumé de cette mentalité est la phrase suivante, qu’on voit sur tous les petits vans de location, appelés JUCY (et il y en a, des JUCY, dans ce pays !) : « The glass is half-full. And the other half was delicious. » (“Le verre est à moitié plein. Et l’autre moitié était délicieuse.”)

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Sur ce, je te souhaite une magnifique semaine et te dis à bientôt ! (La prochaine fois, je t'en dirai un peu plus sur cette école qu'on fait - et sur les choses croustillantes qu'on apprend concernant le couple et la famille !)

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